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La France doit adopter une vraie stratégie dans les services / Décembre 2015

Les services contribuent très largement, autant que l'industrie, à la compétitivité de l'économie française. Depuis 1958, ils ont généré 85 % de la croissance française et la totalité des créations nettes d'emplois. Le secteur des services au niveau mondial est 2,5 fois plus important que celui de l'industrie. Les rémunérations dans les services globaux sont 30 % supérieures à celles de l'industrie. Les exportations de services croissent à un rythme accéléré de 14 % dans l'OCDE depuis 2003.
Les services répondent à des dynamiques de croissance propres : la croissance des services est fortement liée à celle du niveau de vie des ménages (multipliée par 2 depuis 1975) qui bénéficie en majorité aux services. Seuls 10 % des services sont liés à la croissance de l'industrie : 44 % sont consommés par d'autres entreprises de services et 46 % ont les ménages pour clients finaux.
Le paysage français des services va radicalement changer dans les dix ans, sous l'effet de 5 grandes ruptures : une explosion du commerce mondial grâce à la révolution du digital, la demande des pays émergents, la déréglementation, la consolidation concurrentielle et l'explosion des échanges (plus de 50 % du commerce mondial sera réalisé dans les services, contre 20 % en 2011).
La France, aujourd'hui « championne des services », apparaît mal positionnée pour anticiper ces défis. Elle a déjà manqué en partie son insertion dans la mondialisation de l'industrie, il ne faut pas que celle des services lui échappe dans les dix ans qui viennent.
Comment agir ? De nombreux leviers de création d'emplois se trouvent à notre portée. Partant de rien, nous avons créé à Marseille, en 1966, Sodexo avec pour vocation les services de qualité de vie. Nos activités sont à 100 % des activités de service ; nous employons 430.000 collaborateurs dans 80 pays. Nous sommes la preuve que les services peuvent très largement contribuer à la création d'emplois et à la réduction du chômage.
Par ailleurs, la France est une des championnes d'Europe de la création d'entreprise après en avoir été lanterne rouge. Elle a, selon moi, la capacité de créer 1,5 million d'emplois de services, à condition de se libérer de certains carcans. En voici quelques exemples : - Code du travail, règlements absurdes et souvent contradictoires sont une grande entrave à la création d'entreprises dont beaucoup de nations en Europe et dans le monde se sont libérées. - La réforme de la taxe professionnelle a entraîné un allégement pour l'industrie mais a considérablement pénalisé les entreprises de services. C'est une grave erreur. - La suppression de certaines niches fiscales est dangereuse, car elle aggrave le chômage. Par exemple, les services à domicile ont créé 450.000 emplois depuis 2005. Le passage au forfait récemment voté a encouragé mécaniquement le travail au noir (+20 %) avec un bilan finalement négatif pour les pouvoirs publics !
Au-delà de ces réformes, il faut absolument se doter d'une véritable stratégie dans les services pour conserver à la France son niveau de compétitivité dans ce secteur. Il est impératif de comprendre quels sont les services qui ont le plus grand potentiel de création de valeur et d'emplois : logiciels, médias, Internet, services informatiques, biens culturels, services à la personne et à domicile, assistance aux personnes dépendantes, crèches, recherche médicale, tourisme, etc.
Le Groupement des professions de services (GPS) organise les premières Assises nationales des services, le 17 novembre 2015, à Paris. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, clôturera ces assises. A cette occasion, Christian Nibourel, président du GPS, lui remettra le projet de pacte services avec environ 25 propositions pour créer des emplois en France et réduire le chômage.

Pierre Bellon