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Terra Nova croit aux vertus de la révolution numérique / Novembre 2015

Dans une note pour le think tank, Nicolas Colin esquisse les contours des réformes nécessaires. Il appelle l'Etat à accompagner plutôt qu'à freiner le mouvement.
Les pays développés sont en train de passer d'un capitalisme de production de masse, grâce à l'instauration du salariat, à un nouveau capitalisme engendré par le numérique, basé sur les plates-formes qui se nourrissent de l'activité de leurs utilisateurs. Et cette nouvelle ère exige que des institutions soient créées pour rendre le monde de demain pérenne. C'est la théorie que développe Nicolas Colin, ancien inspecteur des finances et cofondateur de l'incubateur The Family. Dans une note pour le « think tank » de gauche Terra Nova, cet esprit curieux tente de définir les fondations sociales, économiques et juridiques de ce que devrait être un Etat-providence au XXIe siècle. Pour que chacun puisse profiter des opportunités du numérique - être chauffeur pour Uber à ses temps perdu ou se lancer comme développeur d'application pour Android - sans tout perdre en cas de coup dur.

Une France « prisonnière »
Son constat est inquiétant. « La France est en retard », juge-t-il. Ni l'Hexagone ni l'Europe n'ont réussi à créer une plateforme Internet de la taille des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). La richesse est créée hors du territoire national. Forte de ses grandes entreprises, « la France est un peu prisonnière de son excellence dans l'économie fordiste » alors que le numérique bouscule les positions établies, explique-t-il. « Les pouvoirs publics, loin de préparer l'avenir, se bornent souvent à défendre les entreprises en place et à étouffer dans l'oeuf les innovations de rupture qui, seules, permettraient de faire grandir des géants français de l'économie numérique », écrit Nicolas Colin dans sa note intitulée « La richesse des nations après la révolution numérique », en clin d'oeil à l'économiste Adam Smith. Le numérique ? « La gauche y voit un moins disant social tandis que la droite y voit une attaque envers les positions établies », poursuit Nicolas Colin. Or, si les richesses ne sont pas créées sur le sol français, le numérique détruit des emplois, notamment ceux occupés par la classe moyenne. D'où une crispation des Français et une méfiance vis-à-vis de la révolution en cours.
Dès lors, que faire ? « Allouer l'épargne au financement de l'innovation de rupture plutôt que dans l'immobilier ou les dettes de l'Etat, soutenir les entreprises innovantes face aux entreprises en place et redéployer la protection sociale pour qu'elle couvre les risques liés à la révolution numérique », énumère Nicolas Colin. « La société du numérique a un potentiel progressiste, selon Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, puisqu'elle détruit les rentes et donne la possibilité aux individus de se prendre en main. »

Guillaume de Calignon